1887 Création des premiers syndicats chrétiens à Paris et à Lyon.
La situation des travailleurs au XIXème siècle est catastrophique. Quelques précurseurs de l'action sociale se manifestent : en 1828, Villeneuve-Bargemon, préfet du Nord, propose des mesures comme l'association des travailleurs, la constitution de caisses de secours et de retraites ou encore l'inspection du travail. Des prêtres et des laïcs chrétiens : Lacordaire, Montalembert ou Albert de Mun, font voter des lois améliorant la condition des travailleurs. Jusqu'en 1864 cependant, toute action commune en vue d'améliorer le sort des travailleurs est interdite en vertu de la loi Le Chapelier (datant de 1791) et du code Napoléon. Il faut attendre 1884 (Loi Waldeck-Rousseau) pour que les syndicats soient enfin autorisés.
Le syndicalisme chrétien naît en 1887 à l'initiative d'employés parisiens, groupés autour d'un frère des écoles chrétiennes, le Frère Hiéron. Face aux syndicats dominés par l'idéologie anarchiste de la lutte des classes, les militants chrétiens cherchent à faire passer leurs idées en toute indépendance. Ils fondent le Seci, Syndicat des employés du commerce et interprofessionnels. De nombreux autres suivront.
1891 Première grande encyclique sociale « Rerum novarum »
L'encyclique « Rerum Novarum » (« Les choses nouvelles ») sur la condition des ouvriers est publiée le 15 mai 1891 par le pape Léon XIII. Première encyclique sur la doctrine sociale de l'Église catholique, elle reconnaît les droits des ouvriers et la question sociale. Elle se situe dans la ligne de pensée et d'action des catholiques sociaux qui, tout au long du XIXème siècle ont dénoncé la misère ouvrière et le désordre de la société.
1919 Création de la CFTC autour de Jules Zirnheld et de Gaston Tessier.
En 1919, les syndicats chrétiens sentent la nécessité d'une coordination. Ils décident de créer la CFTC : Confédération française des travailleurs chrétiens. Jules Zirnheld en est le premier président, poste qu'il occupera jusqu'en 1940. La CFTC regroupe, à l'origine, 321 syndicats. Si elle se réfère à l'encyclique Rerum Novarum, elle retient cependant le principe de l'élargissement du recrutement à tous les travailleurs acceptant d'appliquer les idéaux de la morale sociale chrétienne.
La CFTC poursuit l'oeuvre des premiers syndicats, en développant les bureaux de placement, les services juridiques, les caisses d'entr'aide et les services sociaux. En 1920, elle contribue avec d’autres syndicats chrétiens européens à fonder la Confédération internationale des syndicats chrétiens. En France, elle fait reconnaître sa représentativité.
1936 Le Plan CFTC
Publication le 15 mai 1936 du "Plan CFTC" qui propose un salaire minimum, les allocations familiales, la réduction de la durée du travail, des logements sociaux, les conventions collectives, etc.
Dans l'entre-deux-guerres, deux tendances s’affirment dans le syndicalisme : le syndicat instrument de la révolution politique ou bien le syndicat fer de lance pour transformer la société. La première se définit parfois comme révolutionnaire, la seconde est réformiste. La première est celle de la CGT, la seconde, celle de la CFTC. Les deux confédérations s'opposent violemment en 1936. Dans une ambiance surchauffée, la CFTC défend l'indépendance syndicale et la liberté du travail.
En 1937, la CFTC compte 2000 syndicats et 400 000 adhérents.
1940 La clandestinité
Refusant la « Charte du travail » que l’Etat français cherche à imposer aux organisations syndicales, la CFTC s’autodissoud et entre dans la clandestinité. Ses dirigeants participent à la résistance. Dès mai 1943, elle participe au Conseil national de la Résistance et à la rédaction de son programme qui servira de base à l’Etat social qui se met en place dans les années qui suivent la Libération. Elle participe ainsi à la généralisation des assurances sociales, des retraites complémentaires, à la création, plus tard, de l’Unedic…
En 1947, le taux de syndicalisation en France atteint 60 %. L'effectif de la CFTC est alors de 800 000 syndiqués.
1964 La scission de la CFTC
Une majorité de la CFTC menée par le groupe « Reconstruction » donne naissance à la CFDT. Une réaction s'organise chez les tenants de la référence chrétienne, en particulier par la création des "équipes syndicalistes chrétiennes" et de leur journal "Rénovation". Mais ils ne parviennent pas à stopper l'évolution qui s'achève, au Congrès de 1964, par un vote à environ 70 % en faveur de l'abandon de la référence chrétienne. 300 délégués quittent alors la salle du congrès et décident de maintenir la CFTC. Un bureau provisoire est élu dont le président est Joseph Sauty, le très charismatique leader des mineurs CFTC. Le redémarrage est difficile: la « CFTC maintenue » n'a plus ni patrimoine immobilier, ni matériel. Si les sympathies ne lui manquent pas à l'extérieur, les encouragements sont maigres. A peu près personne n'y croit. Elle se heurte de surcroît à la contestation permanente de la CFDT qui va jusqu'à lui intenter un procès pour utilisation abusive du sigle CFTC.
1965 Programme de Vincennes : la CFTC réaffirme son opposition à la politisation syndicale.
Huit mois seulement après la scission, la CFTC rassemble 18 unions régionales, 82 départementales, 27 fédérations professionnelles et 442 syndicats.
En mai 1968, la CFTC participe activement aux accords de Grenelle (Joseph Sauty obtient la création de la section syndicale dans l'entreprise) et connaît une vague d’adhésion sans précédent. Entre le congrès de 1967 et celui de 1969, ses effectifs cotisants progressent de 42%. En 1970, le Conseil d’Etat rend un arrêt stipulant que la CFTC « doit être regardée comme l’une des organisations syndicales les plus représentatives sur le plan national ».
1973 Rapport Jacques Tessier : "L'entreprise au service de l'homme".
Mise en place de la politique contractuelle qui incite chaque année les salariés et les employeurs à bâtir un contrat de progrès. Jacques Tessier fait voter l'obligation d'appartenir à un régime de retraite complémentaire avec validation des acquis antérieurs.
1977 Congrès de Versailles : un nouveau programme à la mesure de la crise économique.
Le 38ème congrès confédéral en 1975 avait approuvé une modification des statuts selon laquelle la référence aux principes de la morale sociale chrétienne ne peut plus être modifiée que par un vote unanime du congrès. Ainsi le mouvement confirme son enracinement dans un syndicalisme dynamique et efficace. Les situations évoluant, ces principes constants inspirent de nouveaux objectifs. C’est pourquoi le 39ème congrès confédéral à Versailles en 1977 a fixé n programme d’action pour les années à venir.
1980-90 La CFTC est à l'origine des conventions de conversion et de l'allocation parentale d'éducation.
En 1980, Jacques Tessier fait voter une loi qui permet aux chômeurs d'être considérés comme travailleurs (maintien du droit à la retraite). En 1988, la CFTC soutient la création du revenu minimum d’insertion qui ouvre de nouveaux droits aux prestations sociales.
1983 La CFTC recueille 12,4 % de voix aux élections à la Sécurité sociale.
Aux élections de la Sécurité sociale, les candidats de la CFTC recueillent 1 765 000 voix.
Après le départ de la CFDT de la CMT, la CFTC y adhère.
1984 La CFTC prend une part active au succès des manifestations en faveur de « l'école libre. »
La CFTC s’engage avec succès dans la bataille en faveur de la liberté scolaire, menacée par le projet de loi Savary.
1991 Congrès de Lille
La CFTC réaffirme son identité. Elle engage la modernisation de son fonctionnement et de son action. Adoptant une nouvelle signature « La vie à défendre » en 1992, la CFTC entend se positionner au-delà des seules relations de travail au nom des valeurs sociales chrétiennes.
Sous l’impulsion d’Alain Deleu, élu président confédéral en 1993, une importante réforme des fédérations voit le jour.
1995 Lors des conflits sociaux, la CFTC obtient la médiation et la reprise du dialogue.
Le Plan Juppé qui, conformément à une proposition de la CFTC, crée l'assurance universelle permettant à tous l'accès aux soins (assurance maladie).
1999 Adoption du « rapport-programme » au 47ème congrès confédéral
Au congrès de Dijon, la CFTC adopte un « rapport-programme » pour « un syndicat efficace, d'écoute, de service et de valeurs ». La CFTC des années 2000 peut répondre efficacement à ces interrogations et prendre une place plus importante dans le paysage syndical français si elle sait être attentive aux transformations en cours, en étant fidèle aux valeurs qui justifient son existence, et en anticipant les événements.
Aujourd’hui
Le 29 mars 2013, la CFTC obtient, aux élections des comités d'entreprise, une audience de 9.3 %. La CFTC reste donc représentative et prendra part aux négociations interprofessionnelles et par conséquent, participera au dialogue social national, durant les quatre prochaines années.
En 2005, 49ème congrès confédéral sur le thème « Espérer, construire, partager », Jacques Voisin est réélu président de la CFTC.
En 2006, la CFTC lance présente son projet du Statut du travailleur, lancé par le « rapport-programme » dès 1999 et concrétisé par un groupe de travail depuis 2003.
La CFTC n'a cessé de faire la preuve de sa vitalité, d'étendre son implantation et d'accroître ses effectifs.